La victoire du néolibéralisme économique est fréquemment associée à la formule de la première ministre anglaise Margaret Tatcher: there is no alternative. Cet adage est en partie repris dans la formule cherchant à décrire l’impasse contemporaine : Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. Il s’avère en effet indéniable que les militants de l’économie travaillent à rendre impossible tout autre futur que celui qu’ils imposent et maintiennent, par tous les moyens nécessaires. ll est tout aussi certain toutefois que les ressources de l’imagination ne sauraient suffire par elle-mêmes à rouvrir l’horizon ou l’alternative. D’autant plus qu’une autre victoire, concomitante au néolibéralisme, a consisté à associer la révolution à la terreur, la prise de pouvoir à la domination, participant à construire une alternative infernale par laquelle gagner c’est toujours aussi perdre. Nous proposons ici d’essayer de contourner cette alternative infernale, en revenant d’une part sur la conception du communisme et des victoires du mouvement ouvrier dans les textes marxistes d’ultra-gauche, et d’autre part sur l’appel récurrent de nos jours à inventer des futurs désirables. Nous essaierons, ce faisant, d’esquisser un autre seuil qu’entre le rêve trop optimiste ou la fin précipitée.